Alasdair Nilsen - Une lettre est le portrait de l'âme

La lettre est un petit papier plié en quatre, apporté avec le reste du courrier au petit matin. Si on pose la question au porteur, il dira que c'est un jeune garçon près du port qui le lui a remis en répétant plusieurs fois de bien le donner "au vieux Alasdair".

C'est un dessin fait au fusain, aux traits vifs et anguleux. Dans un coin est dessiné un poisson avec des ondulations rappelant des vagues. Il y a à un autre endroit une sorte de louche ou de cuillère. Au centre se tient une maison, schématique comme peuvent l'être les dessins d'enfants. Au dessus de l'ensemble est représenté une lune avec une unique étoile. Et en guise de signature, un C malhabile a été tracé avec un visage souriant à côté.


   

Vieux baratineur.

Jusqu’à l’écris, j’reconnais ta prose d’vieille fripouille. Me v’la bien heureuse d’savoir que t’es pas mort, ça m’aurait t’être chagrinée d’te savoir six pied sous terre. Faut dire que j’aurais plus eu ta trogne face à moi et ça m’aurait fait suer l’humeur. Pour dire, j’crois que j’en aurais tiré la gueule !

Mais t’es bien increvable. L’tueur, je te dirais pas que je l’ai r’connu, mais il était pas bien épais et joliment ourlé d’courbe, une donzelle pour sûr. T’être bien celle qui a finis au castel. Pourtant, y a encore eu un cadavre alors qu’elle s’faisait arrêter par la garde. Si t’as b’soin d’renseignement, je me fournirais sur la chose...

Quand t’auras finis d’te soigner, faudra qu’tu viennes me montrer ta blessure de guerre, qu’j’vois si t’as toujours ta caboche séduisante. J’aime les cicatrices, j’t’en promet pas d’pas avoir la main baladeuse, mais ça d’vrait pas te déplaire !

Pour la promesse, t’en fait pas bien…

La Délè.